Mes bureaux, mon équipe et les plaquettes commerciales prêts, il me faut maintenant lever des deals, et cela passe par la prospection.
Quand vous etes dans une ville comme Yaoundé, vous etes essentiellement entouré d’administrations (nationales et internationales), d’Ong et d'agences régionales de grandes entreprises du secteur privé dont le siege social est à Douala. Autant de structures dont les processus de prise de décisions et d’octrois de contrats sont longs et semés d’embuches. Il faut avoir de la patience…et la foi également…J'allais l'apprendre à mes dépends...
Lors des mes études de marchés j’avais déja établi un contact avec certains de leurs cadres et dirigeants. Lorsque je réussis à obtenir un rendez-vous avec l’un deux, ils me disent toujours que mon projet est formidable que je suis courageux d’avoir sauté le pas (en fait “il est fou de se jeter dans cette jungle et de quitter son confort”) et ils me promettent également de faire appel à mes services.
Avec autant de compliments je suis confiant pour mon business, et je me mets à envoyer des propositions commerciales à tout va. 1ere relance pas de retour, 2eme relance idem, j’appel, le téléphone sonne dans le vide. Du coup je me pose un tas de questions, je me remets en cause, qu’ai-je donc fait pour qu’ils ne décrochent plus mes appels ? mes services sont-ils si mal présentés ? Si c’est le cas qu’ils me le disent afin que je les améliore. Ou m’expliquer les rouages du B to B au Cameroun, que le budget de la formation par exemple est la chasse gardée du DG, et qu’il est souvent utilisé pour récompenser ses amis en fin d’année…Mais rien pas de réponse…
Je m’imaginais naivement que les 'diasporiens' rentrés au pays comme moi allions etre solidaires et nous entraider…Ce que je compris plutard c’est qu’il existe 3 catégories de camerounais ayant étudié ou travaillé en occident et rentrées au Cameroun :
1 — Celle qui n’est pas prête à ouvrir les portes aux autres (du moins pas tout de suite), du fait qu’a leur retour ont ne leur a pas rendu la vie facile et qu'ils ont du batailler pour occuper leurs fonctions d’aujourd’hui, et par conséquent considèrent que tous ceux qui rentrent au pays devraient souffir autant et emprunter ce chemin de croix.
2 — Celle qui nous voit comme des proies à escroquer. Comment ? en nous donnant les plus mauvais conseils ou parfois en nous présentant de faux intermédiaires qui soit disant pourraient accelerer nos business en nous nous mettant en relation avec des décideurs moyennant finance. Qu'ils se partagent entre eux...dans notre dos biensur...
3 — Enfin une infime catégorie qui au contraire pense qu’en étant solidaire on est capable de creer notre propre réseau et bénéficier des conseils et recommandations des uns et des autres. C’est celle-ci m’a permis de lever mes premiers deals. Et que j'essaie d'incarner à mon tour.
Apres avoir perdu du temps dans les ministères, “mis dans espoir” (comme on dit ici), par mes compatriotes de la diaspora, je décide de mettre en place une autre stratégie de prospection.
Je communique davantage sur les réseaux sociaux en me disant, que tout le monde est présent sur Facebook, aussi bien mes interlocuteurs directs que leurs patrons. En montrant le savoir faire de Morio Consulting sur la toile, ils s’habitueraient à la marque et se laisseraient plus facilement convaincre quand je leur proposerai nos services. En gros créer de l’affectif…
Certains l’ont pris pour de l’egocentrisme et moi je leur répondais ‘Ca ne sert à rien d’etre seulement fort dans sa chambre, si le monde entier ne le sait pas” on a un outil formidable qui nous permet de toucher tout le monde et je ne vais pas m’en priver ! Nous étions en 2010…
De cette expérience je retiens que les techniques de vente enseignées dans les grandes écoles sur le B to B (voire meme le B to C) sont à revoir et à adapter dans un environnement comme celui du Cameroun ou le réseautage et le relationel restent extrenements forts pour décrocher des contrats… Avoir un bon produit/service au meilleur prix ne suffit pas, il faut connaitre les décideurs.